J’ai traqué durant des semaines des bâtons torsadés en fouillant les haies, les taillis et les sous-bois. L’enroulement en spirale n’a nécessité aucune intervention de ma part, ils sont causés par l’arbrisseau chèvrefeuille, dont la liane aime à enserrer de jeunes pousses d’arbres. La grimpante provoque chez le jeune arbre un désordre de la sève, crée des excroissances en spirale plus ou moins longues, plus ou moins grosses. Ces bâtons torsadés sont l’œuvre unique de Dame nature, ils ressemblent à un tourbillon évolutif comme l’infiniment grand ; les galaxies elliptiques.
Sur la poutre de gloire, j’ai disposé les bâtons de façon à ce qu’ils soient reliés entre eux sans se toucher. Ils affichent leurs grosseurs et longueurs variables, tels des notes de musique mises en cadence. Ces notes subissent des mues successives puisque les bâtons proviennent du passé, dansent dans le présent et sont appelés vers un futur.